Chienne de vie
Elle a recommencé.
Je l'ai entendu. A présent, j'en ai la preuve. Je le sens. Je le vois.
Quand je me suis approché de la porte elle a parlé. Elle a dit quelque chose. N’importe quoi. Ce qui lui venait par la tête. Une excuse. Un alibi. La preuve qu’elle ne faisait rien d’autre que pisser ou chier. Mais moi je sais.
Je me suis attardé non loin de là, sans un bruit. J’écoutais. Je guettais. J’attendais. Ce ne fut pas long. Quelques secondes plus tard, elle se laissa aller. Elle régurgita le peu qu’elle avait avalé un quart d’heure plus tôt. Elle vomit.
Elle sortit peu après. Je patientai encore un peu. Je n’étais pas pressé. Ni de satisfaire à mes besoins, ni de découvrir une nouvelle fois que je ne m’étais pas trompé. Ma sœur est malade. Et ce n’est pas la grippe.
Comme à chaque fois la même odeur acide, acariâtre, putride. Le parfum infâme de la gerbe mélangé à celui du déodorant pour chiottes. Les mêmes coulées orange et noires qui se dessinent sur le bord de la cuvette. Elle a dû frotter, pour effacer les traces. Pour l’instant on ne voit rien. Mais tous les aliments que sont corps a rejetés ne sont pas partis dans le sillon. Une petite partie est remontée et est venu se nicher dans les rebords en céramique. Et comme d’habitude, ils resurgiront chaque fois que l’on tirera la chasse, faisant de nouvelles tâches immondes sur le trône.
Elle a recommencé. Et parce que je ne sais pas quoi faire, je continue de me taire…